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Il a 170 ans et se porte comme un charme !

Incroyable histoire que celle d’Octave. À bientôt 170 printemps, notre ainé profite d’une retraite active près de la ville de Tours. Nous l’avons rencontré.

Photo de Octave Huleur prise, à son domicile, le jour de ses 170 ans.
Photo de Octave Huleur prise, à son domicile, le jour de ses 170 ans.

Nous nous attendions à rencontrer un homme exténué, épuisé par sa très longue existence. Nous avons eu le privilège de faire la connaissance d’une figure locale des plus actives, des plus appréciés et qui multiplie les activités.

Cet homme est né en 1842 !

Octave Huleur est né sous le règne de Louis Philippe, le 17 septembre 1842. Son enfance, plutôt modeste, se déroule dans la commune de Saché près de Tours. Le père est horloger et la mère couturière. Premier événement dans la vie du jeune homme, sa rencontre impromptue avec Honoré de Balzac, « Ma mère confectionnait des rideaux au château de Saché, il lui arrivait de m’amener avec elle afin de ne pas me laisser seul à la maison.

C’est là, en 1845, que j’ai côtoyé Monsieur Balzac. J’aimais bien l’embêter lorsqu’il écrivait dans sa petite chambre, je lui tirais le bras pour qu’il fasse des ratures. Une fois, j’avais les mains pleines de chocolat et j’en ai barbouillé les manuscrits des Illusions perdues ! », s’enorgueillit Octave, l’œil taquin. 

« Une fois, j’avais les mains pleines de chocolat et j’en ai barbouillé les manuscrits des Illusions perdues ! »

On pourrait penser qu’une rencontre si précoce et extraordinaire, avec l’un des plus grands écrivains de notre Histoire, aurait sensibilisé Octave au monde de la littérature mais il en a été tout autrement, « Pour le dire simplement, les livres m’emmerdent, j’en ai jamais terminé un seul Â», confesse le vieil homme.

Le jeune garçon accompagnera même Honoré de Balzac, jusqu’à Paris, lorsque ce dernier se trouvera décoré de la légion d’honneur par le roi Louis Philippe, « C’était d’un chiant ! Je me suis fait disputer lorsque j’ai dit au roi qu’il ressemblait à une poire avec ses joues tombantes, sale souvenir « , se remémore Octave.

Retraité de la SNCF depuis 115 ans

Peu enclin aux études, le jeune Octave entre comme apprenti à la compagnie des chemins de fer, il a alors 15 ans, « Sous Napoléon III, la construction et le développement des voies de chemin de fer est en plein boom, tous ceux qui voulaient y travailler pouvaient le faire Â».

Octave occupe différentes fonctions au sein de l’entreprise publique : transport du ballast, dépose des rails, travaux sur la signalisation, « J’étais pas très manuel du coup j’ai commis quelques bourdes Â», nous confie Octave sans vouloir en dire plus sur la nature de ses étourderies.

Tandis que nous insistons, Octave se souvient de l’une d’entre elle, « Je me rappelle avoir posé un panneau de signalisation à l’envers, les trains accéléraient au lieu de freiner, ce qui a causé quelques soucis », Nous n’en saurons pas plus et respectons, bien évidemment, la pudeur de cet homme au grand âge.

« C’est sûr qu’à l’aiguillage, c’était souvent la fête. On trouvait toujours des trucs pour ramener le calva, la goutte ; à l’époque on ne buvait que des boissons d’homme »

Ces quelques désagréments n’empêcheront pas Octave de progresser dans la hiérarchie. Il terminera sa vie professionnelle comme aiguilleur à la gare Montparnasse. Au fil de son récit, les souvenirs affleurent et les émotions s’invitent dans ses descriptions, « C’est sûr qu’à l’aiguillage, c’était souvent la fête. On trouvait toujours des trucs pour ramener le calva, la goutte ; à l’époque on ne buvait que des boissons d’homme Â».

Nous lui demandons s’il y travaillait encore lors du fameux accident du 22 octobre 1895 où une locomotive traversa la gare jusqu’à tomber sur le boulevard du Montparnasse, « Ah oui je me souviens bien, on était d’astreinte avec les gars. On fêtait l’anniversaire de la petite cousine d’un cheminot, on n’était pas encore revenu à nos postes quand on a entendu un gros boum ! On a posé le calva et on est allé voir directement Â». 

En 1897, à l’âge de 55 ans, c’est déjà l’heure de la retraite. Et depuis 115 ans, l’homme jouit d’un repos bien mérité, « j’ai conservé le rythme que j’avais à la compagnie des chemins de fer et c’est là, probablement, le secret de ma longévité Â», nous souffle Octave l’air malicieux.

Une nouvelle vie, entre cyclisme et scrabble

Le départ à la retraite signe, pour Octave, le début d’une nouvelle vie, « Je me suis dit qu’il fallait que j’arrête les conneries, la picole et tout ça, je me suis assagi », Octave se lance alors dans la pratique du sport et plus particulièrement celle du vélo.

« j’ai arrêté le cyclisme après avoir fait chuter le peloton lors du critérium de 1907, ma chaussure était restée coincée dans la lanière de la pédale »

Il participera même à quelques courses amateurs dans sa région de Touraine, « J’étais pas non plus très sportif, il faut bien l’admettre Â», concède l’homme dont le discours de vérité et le besoin de transparence ne peuvent qu’émouvoir, « j’ai arrêté le cyclisme après avoir fait chuter le peloton lors du critérium de 1907, ma chaussure était restée coincée dans la lanière de la pédale Â», admet-t-il. 

Depuis, Octave pratique des activités plus tranquilles telles que le scrabble ou la belote, « Là au moins je ne peux pas trop faire de conneries même si, faut bien le dire, je suis pas très jeux Â». Le vieil homme nous narre alors une série de mésaventures survenues lors de parties avec ses amis… Octave nous aura en tous les cas prouvé, au travers de ses récits, que sans dispositions particulières pour la vie, on peut tout de même la traverser avec joie et allégresse. Une belle leçon de vie !

La rédaction de Soir Matin

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